vendredi 3 juillet 2015

Josep Maria Beà (Espagne 1942 -)

A partir de 13 ans, Josep Maria Beà suit les cours du soir à l'agence Selectionnes Ilustradas que dirige Josep Toutain (1932 - 1997), éditeur et dessinateur qui oeuvra au développement d'une bande dessinée "moderne". J.M. Beà s'entraîne en recopiant les travaux d'auteurs américains tels Stan Drake, Dan Barry, Harold Foster, etc... Pour n'en citer que quelques-uns.
Sa première série, Johnny Galaxy (1959 - 1961 scén Blay Navarro), à laquelle collabora également Fernando Fernandez , est une bd de sf. Elle fut publiée dans différents pays dont l'Australie, chez K G Murray publishing (collection Climax Adventure Comic) et l'Angleterre (sous le titre Space Ace, chez Atlas).
(source: ausreprints.com)
En 1965, il se rend à Paris, en compagnie d'un groupe de peintres de Barcelone, pour y élargir sa connaissance de la peinture. Il fréquente l'académie Julian et l'école supérieure des Beaux-Arts, et découvre le travail de Francis Bacon et de Max Ernst.
De retour en Espagne, il travaille pour le groupe de presse britannique IPC et réalise des illustrations pour des romans d'Enyd Blyton.
C'est ensuite dans  les magazines Nueva Dimension et Dracula qu'il va publier ses premières histoires, entre fantastique "gothique", sf, et mythes lovecraftiens. Il crée le personnage de Sir Leo.
(extrait d'une bd parue en 1972 dans le magazine Dracula - source: atocom.blogspot.fr)

(scan collection personnelle)

En France, chez Dargaud, on peut apprécier son travail dans le recueil " Les nuits de l'épouvante" (1973). Y sont publiées deux aventures de Sir Leo, ainsi que d'autres histoires signées Esteban Maroto, Enric Sio et Manuel Lopez Blanco.
(scan collection personnelle)
Il travaille ensuite pour la Warren et les revues Creepy, Eerie et Vampirella jusqu'en 1976. Dans cette période faste pour la liberté créatrice et l'expérimentation graphique, ses bd obtiennent beaucoup de succès.

Sa série Peter Hypnos (rééditée plus tard en Espagne dans le magazine Rambla) date de cette période.
(tebeosfera.com)
 Il crée un studio avec Manel Ferrer et réalise des bd érotiques (sous le pseudonyme de Norton) pour des revues telles que El Papus, Mata Ratos ou Muchas Gracias.
( planche pour la revue Mata Ratos - source: elblogdelrincondetaula.blogspot.fr)
 En 1982, il se lance dans l'édition et crée la revue Rambla en compagnie de Luis Garcia, Alfonso Font, Carlos Giménez et Adolfo Usero.
A partir de 1985, il diversifie son travail entre revues pour adultes et magazines pour enfants.
Ensuite, jusqu'en 1992, il réalise des travaux plus "alimentaires", notamment pornographiques sous divers pseudonymes tels Sanchez Zamora ou Valls.
Il délaisse peu à peu la bd et se tourne vers le design numérique, la musique électronique, les romans pour enfants, la télévision (il réalise la série Doctor Vapor, Maestro inventor) et crée en compagnie de Jaime Martin la société Digital Art, dédiée à la publicité et à la conception de storyboards.
En 2003, il reçoit le grand prix du salon de la bd de Barcelone pour l'ensemble de sa carrière
José Maria  Béa en 2003. Image empruntée au site Tebeosfera.com



lundi 15 juin 2015

Tom Sutton (USA 1937 - 2002)

C'est durant son engagement militaire, entre 1955 et 1959, que Tom Sutton, nourri tant aux EC comics qu'aux travaux de Milton Caniff ou d'Alex Raymond, réalise ses premières bd. Ce seront F.E.A.F Dragon pour le journal de la base, puis, surtout, Johnny Craig (ce nom est celui de l'un des plus célèbres dessinateurs des EC), pour la revue militaire Stars and Stripes.
Démobilisé, il reprend des études à la "School of Museum of Fine Arts" de Boston tout en travaillant en freelance pour des agences de publicité locales
Il se rend ensuite à New York et commence à travailler pour Marvel, même s'il est assez critique au sujet de leurs publications (il trouve notamment que les décors sont trop souvent sacrifiés, au bénéfice de l'action - il s'exprime en ce sens au sujet de Sub-Mariner). Stan Lee lui commande néanmoins un western et, dans le numéro de Kid Colt, Outlaw, en 1967, il dessine "The wild ones" (scénario Sol Brodsky). La même année, il publie sa première bd d'horreur pour la Warren, "The  monster from one million B.C" dans le magazine Eerie.
(fourcolourshadows.blogspot.fr)  (scan collection personnelle)
Sutton va ainsi partager ses activités entre westerns et histoires d'horreur; il est le créateur graphique de l'héroïne Vampirella et de sa première aventure (sur un scénario de Forrest J. Ackerman) "Vampirella of Draculona" en 1969. Il collaborera aux trois titres de la Warren, Creepy, Eerie et Vampirella.
(dyulun.chez.com)
couverture et histoire pour Creepy (scén Bill Parente) scan collection personnelle

Pour Skywald Publications et la revue Psycho (éditée en France sous le même titre, par les éditions de Poche), il crée les aventures du monstre de Frankenstein (de 1971 à 1972). Il utilise le pseudonyme Sean Todd pour signer cette série.
scan collection personnelle
Sur des snénarii de Doug Moench, il réalise également les Future Chronicles pour le comics en noir et blanc de la Marvel "Planet of the apes". Son investissement créatif pour cette série impressionne les fans. Pour beaucoup d'amateurs, c'est l'un de ses meilleurs travaux.
(mediahygiene.blogspot.fr)
Du milieu des 70's au début des années 80, il collabore aux Charlton comics, sur des titres tels que Ghost Manor ou The many ghosts of Dr Graves.Il enchaîne avec DC Comics sur House of Secrets, House of Mystery, et participe à la série Star Trek
(4bp.blogspot.com)
En 1978, il réalise 6 images pour un portfolio dédié à  Lovecraft, et, à partir de 1994, il prend le pseudonyme de Dementia et réalise des bd pour adultes pour les Fantagraphics Eros Comix
(comicartfans.com)
un portrait de Tom Sutton emprunté au site gwthomas.org

mercredi 10 juin 2015

Nestor Redondo (Philippines 1928 - 1995)

Le frère aîné de Nestor Redondo, Virgillio était dessinateur de comics (pour Bulaklak Publications); est-ce pour cette raison que ses parents orientèrent plutôt Nestor vers des études d'architecture ?
Quoi qu'il en soit, une enfance passée en compagnie de héros de papier tels que Flash Gordon, Buck Rodgers, Lone Ranger ou encore Bugs Bunny avait décidé de la vocation de Nestor Redondo: tout comme son aîné, il allait devenir dessinateur de bd.
Il se fait connaître dès 1950 en dessinant les aventures de la super-héroïne Darna (en collaboration avec "The King of Komics" Mars Ravelo)
(crossandguns.dreamwitch.org)
Le succès de Darna est tel que les aventures de l'héroïne seront adaptées au cinéma à 14 reprises, entre 1951 et 1994. Le petit écran ne sera pas en reste, avec 3 séries, en 1977, 2005 et 2009.

En 1953, la MGM qui désire pomouvoir la sortie du long métrage Quo Vadis, demande à Ace Publications (société d'édition de comics créée par Tony S. Velasquez à Manille en 1947) de réaliser un comic book dédié au film. C'est Nestor Redondo qui se charge de l'adaptation graphique, un "preview" de 16 pages écrit par Clodualdo del Mundo
 
(wizards-keep.com)

Le travail de Redondo impressionne tellement la MGM qu'elle souhaite engager le jeune dessinateur. Mais Nestor Redondo, qui n'a que 24 ans, ne se sent pas prêt à franchir le pas et à quitter son pays pour les Etats-Unis
En 1963, il fonde Craf Publications avec son frère Virgilio et 4 amis (Tony Caravana, Alfredo Alcala, Amado Castrillo, Romeo Francisco). Ils seront rejoints plus tard par Jim Fernandez et créeront les revues Alcala Fight Komix, Amado Dreamers Komix, Caravana Klasix, Craf Klasix, Jim Lovers Komix, Magic Komix, Redondo Komix et enfin, Vir Variety Komix.
            Redondo Komix                        Craf Klasix
 Bien que la date ne soit pas certaine, Craf Publications semble avoir arrêté son activité éditoriale autour de 1969. 
En 1972 et par l'intermédiaire de Tony de Zuniga (voir mon article sur Rudy Nebres), Nestor Redondo commence à travailler en direction des comic books américains. Ce seront par exemple, Rima, House of Secrets, Savage Sword of Conan, ou encore Swamp Thing où il succède à Berni Whrigtson (faisant l'unanimité auprès des fans de ce dernier)
 
(wizards-keep.com)

Il reçoit en 1979 le Ink Pot Award à la San Diego Convention.
 Citons aussi son adaptation de La légende du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde, ou encore son travail sur la Bible et ses illustrations d'inspiration religieuse pour l'organisation The Open Doors (Pays-Bas)
(http://weheartit.com)
 Un portrait de Nestor Redondo emprunté au site comicvine
 

jeudi 28 mai 2015

Loro (France 1943 - 1998)

Loro (de son vrai nom Jean-Marc Laureau) commence sa carrière dans la bd en 1968 avec 2 mini-livres pour Spirou: Le  Bailli n’est pas bonne pomme et Untel et le cheval de deux
                                              (2ememain.be)
 Il intègre ensuite l'équipe du journal Pilote (1967), participant au traitement humoristique de l'actualité, seul ou avec le concours du scénariste Serge de Beketch. En parallèle à cette activité ponctuelle Jean-Marc Loro est obligé de trouver d'autres "petits boulots" (décoration chez l'affichiste Giraudoux, vente de machines à écrire, etc...)
planche réalisée pour le n°631 de Pilote (1971), à l'occasion des 25 ans de Lucky Luke

En 1971, les Déboires d'outre-tombe, paraissent chez Publicness (réédition aux éditions du Cygne en 1981); une série d'histoires courtes et humoristiques, jouant avec les codes du fantastique traditionnel (à cette époque-en fait à partir de 1969-Loro travaille également en tant que rédacteur en chef pour la version française des revues américaines Creepy et Eerie).
(bedetheque.com)
Mais pour Pilote, Loro et De Beketch conçoivent également les aventures de Thorkaël, préfigurant -avec une pointe d'humour- le genre "héroïc fantasy" en France. Il existe 2 albums de Thorkaël, " L'oeil du Dieu" et "La porte de Taï-Matsu", primitivement parus aux éditions Serg en N/B et niveaux de gris. Il est à noter que La porte de Taï-Matsu fut rééditée dans la collection "Pilote"avec les couleurs d'origine de la publication dans l'hebdomadaire en 1973.
(scans collection personnelle)
 Jean-Marc Loro crée ensuite 2 autres personnages, le privé Abel Dopeulapeul (4 albums, scénario et dessins) et la sexy Sweet Délice (scénario Céhem, soit Claude Moliterni), deux héros dont on peut suivre les aventures dans le journal Pilote.
(bdoubliees.com)
Il réalise également des illustrations pour différents titre de presse, qu'elle soit bd ou généraliste ( Phenix, Le Point, Lui, Pif Gadget, etc, etc ...). Il signe également en collaboration avec Harry North l'album L'inspecteur Beaugat (scén A.D.G) pour Dargaud en 1980. La même année, ce sont les planches de Loro qu'on aperçoit dans la première saison de la série tv "Papa poule", qui raconte le quotidien d'un père dessinateur de bd.
En 1986, il publie La vie de Wolfgang Amadeus Mozart, aux éditions Daniel Briand/Robert Laffont dans la collection "La vie de ..."
On peut enfin encore suivre son travail dans le décadaire Le libre journal de la France courtoise créé par son ami Serge de Beketch
En 1992, les éditions Bédésup lui dédient un album "J'aime beaucoup ce que vous faites"
auto-caricature de Loro dans une planche de Sweet Delice

samedi 2 mai 2015

Magnus (Italie 1939 -1996)

Magnus n'est pas encore le pseudonyme de Roberto Raviola lorsqu'il signe sa première bd en 1959, Il vendicatore , suivie en 1961 d'Il dottor Kastener. Il est alors étudiant à l'académie des Beaux-Arts de Bologne, dont il sortira diplômé en 1961.
En 1964, répondant à l'annonce d'un journal de Milan qui cherche des auteurs pour lancer de nouveaux projets de bande dessinées, il fait la rencontre du scénariste Luciano Secchi. Ils s'attellent ensemble aux premières aventures de Kriminal, qu'ils signent Magnus & Bunker.
En France, Kriminal est publié sous le même nom, aux Editions de Poche
(scans collection personnelle)
Bunker propose également à Magnus la réalisation graphique des aventures d'un autre personnage: Satanik. L'héroïne, Marny Bannister, est une femme défigurée qui, sous l'effet d'un philtre, devient la sensuelle Satanik. Une variation sur le thème du Dr Jekyll et Mr Hyde.
Au départ, Magnus se montre peu enthousiaste et Bunker propose à un jeune dessinateur, Roberto Peroni Corbella, un test sur le personnage. Mais c'est finalement Magnus qui, sans doute piqué au vif par cette concurrence éventuelle, reprend la main sur le projet.
En France, Satanik sera publié sous le titre Démoniak (en effet, Satanik est déjà le titre français du célèbre photoroman noir italien Killing) par les Editions de Poche. Pour information, le personnage de Satanik sera également repris sous des noms divers et variés (Demona, Desdemona, Satanas, Satanix ...) dans différents petits formats adultes
(danmazurcomics.com)
(scans collection personnelle)
Le succès de ces deux premières séries est tel que Kriminal et Satanik verront leurs aventures adaptées au cinéma. 2 longs métrages pour le premier, et un pour la seconde.

Magnus et Bunker vont travailler ensuite sur d'autres séries telles que SS018, Alan Ford, ou Maxmagnus, ces 2 derniers titres étant à vocation humoristique. Maxmagnus sera publié en France dans Charlie mensuel.
(SS018 & Alan Ford - scans collection personnelle)
Le tandem Magnus/Bunker est également à l'origine de l'héroïne de sf Gesebel (1966), souveraine d'une planète de femmes et dont les aventures seront publiées en France sous le nom de Jezabel par la S.A.G.E (Société Anonyme Générale d'Editions). Mais Magnus ne dessinera que les six premiers numéros avant d'être relayé par Luigi Corteggi et Roberto Corbella Peroni.
La série comporte 23 numéros.
(scans collection personnelle)


A partir de 1974, Magnus décide de produire des bd dont il est également le scénariste. Il crée Lo Sconosciuto (en français, Le spécialiste, puis L'inconnu) pour les éditions Il Vascello.

(bedetheque.com)
Il est également l'auteur des aventures d'une autre héroïne de science-fiction. Il s'agit de Milady 3000, mis en couleurs par Silvana Bigi, et pré-publié en France dans Metal Hurlant. L'album est sorti chez Ansaldi éditions en 1985.

(scans collection personnelle)
Dans la même période, Magnus adapte un roman chinois Au bord de l'eau, sous le titre Les brigands (parution aux Humanoïdes Associés), puis Les 110 pilules (d'après Jin Ping Mei) pour Albin Michel en 1986. Suivront Femmes envoûtées (Albin Michel) et , à titre posthume, L'internat féminin (Delcourt - 2011)
(Les 110 pilules - bedetheque.com)
Mais Magnus, entre 1983 et 1989, reviendra à des personnages et des bd typiques de ses débuts (je pense à Kriminal et surtout à Satanik) en créant la série Nécron (publiée en France chez Albin Michel, puis reprise chez Cornelius en 2006). Il y raconte les aventures de la diabolique et nécrophile doctoresse Frieda Boher et de sa "créature", Nécron. Ici, c'est le mythe du Dr Frankenstein qui est revisité.
(actuabd.com)
la dernière bd connue de Magnus est vraisemblablement La vallée de la terreur (1996), une aventure de Tex Willer, publiée en France chez Clair de Lune en 2014
(bdnet.com)
Une photo de Magnus empruntée au site Babelio.com





vendredi 27 mars 2015

Sergio Zaniboni (Italie 1937 -)

Après avoir commencé à travailler dans le dessin technique et la publicité il est notamment le créateur du logo Panini), Sergio Zaniboni rejoint le monde de la bd en 1967.
Il collabore avec l'éditeur Gino Sansoni, en particulier pour le magazine Horror (1er numéro en 1969). Les deux autres auteurs "d'importance" du journal sont le scénariste Pier Carpi et le dessinateur Marco Rostagno, 
(originalmente.it)
La revue présente une succession de récits complets fantastiques avec parfois une touche d'humour noir, dans la tradition des EC Comics (Tales from the crypt, The haunt of fear, etc...) ou des publications de la Warren (Creepy, Eerie, Vampirella)
(scan collection personnelle)
En France la publication portera le même nom, Horror, et sera suivie d'autres titres tels Cauchemar ou Psycho (Skywald Publications). La mise sur le marché français sera assurée par les Editions de Poche. On retrouve des planches de Zaniboni dans ces différentes publications.
(scan collection personnelle)
En 1969, Il devient l'un des dessinateurs du "fumetto nero" (petit format adulte) Diabolik. Il réalisera plus de 250 épisodes des aventures du célèbre héros.

En 1972, il collabore au journal Il Giornalino avec Il Campione (scén Alberto Ongaro) et Tenente Marlo (scén Claudio Nizzi)

Il dessine encore I Reporters pour Orient Express, Pam & Peter (scén Luigi Mignacco), un one-shot pour le magazine Comic Art, et Piombo rovente, une aventure du célèbre héros Tex Willer sur un scénario de Claudio Nizzi
(http://www.texbr.com/)
Il a recu en 2000 un Yellow Kid Award pour son travail sur Diabolik
(portrait emprunté au site Wikipédia)